CA CNRS du 17 juin 2022 : Déclaration du Sgen-CFDT sur les chaires de professeur junior

Déclaration du Sgen CFDT Recherche EPST sur les chaires de professeur junior au CNRS

Pour rappel, le CNRS ouvre en 2022, 25 chaires de professeur junior. Ces postes sont proposés en contrat à durée déterminée (CDD) de droit public d’une durée de 3 à 6 ans. Ce nouveau type de recrutement comprend des activités d’enseignement dans un établissement d’enseignement supérieur accompagnés d’une dotation d’entrée d’environ 250 000 euros. En fin de contrat, après évaluation de la valeur scientifique et de l’aptitude professionnelle du salarié par une commission de titularisation, ce dernier pourra accéder à un emploi de titulaire dans le corps des Directeurs de Recherche du CNRS.

Le Sgen CFDT Recherche EPST a toujours demandé au CNRS de ne pas recourir à ce mode de recrutement et nous avions compris que son PDG n’y était pas non plus favorable, pourtant 25 CPJ sont finalement ouverts cette année. Nous tenons ici à rappeler les raisons de notre refus :

  1. Il s’agit d’un recrutement qui échappe aux règles du Comité National de la Recherche Scientifique (CoNRS). Ces recrutements soulèvent de nombreuses questions : Sur quels critères sont recrutés ces personnes (la qualité et le parcours scientifique, la capacité à diriger des recherches, à valoriser les résultats…) ? quels sont les critères d’organisation du concours du recrutement au début et à la fin de la période CDD ? Quelle sera la transparence des commissions de titularisation ? Quel est le suivi de la carrière de la personne recrutée pendant la période CDD ? Sur quelles bases se décide la titularisation finale dans le corps de directeurs de recherche (DR) ? Doit-on voir par là une réduction des missions du CoNRS ?
  2. Une recherche à deux vitesses se met en place avec d’un côté le corps des chercheurs titulaires disposant d’une maigre dotation annuelle du CNRS de quelques milliers d’euros (en fonction du domaine scientifique) et de l’autre les professeurs juniors bénéficiant d’environ 300.000 € sur une période comprise entre 3 et 6 ans ce qui correspond à une dotation 5 à 30 fois supérieure à celle d’un chercheur titulaire.
  3. On installe une concurrence déloyale avec les chargés de recherche (CR) qui eux sont contraints de passer le concours annuel du CoNRS pour accéder au grade de DR. Comment résister au découragement vécu par une communauté de recherche épuisée par la course aux subventions rendues nécessaire pour conduire leurs activités de recherche face une concurrence richement dotée sans effort ?
  4. Il est légitime de se demander comment les CPJ affecteront le plafond d’emploi du CNRS à court ou long terme ?Comment garantir d’ici à 3 – 6 ans ou plus que le contingent des postes de DR ne sera par grignoté petit à petit par cette nouvelle voie de recrutement ?
  5. Pour quel partenariat avec les Universités ? Ces postes comprennent des activités d’enseignement dans un établissement d’enseignement supérieur. Comment le CNRS a-t-il évalué les besoins des Universités en enseignement ?  Sur quels critères ces postes répondent-ils aux besoins de l’enseignement supérieur ? Que reste-il de l’appellation « professeur » après titularisation au CNRS ?
  6. Une mise en concurrence facteur de RPS, passant d’abord par la précarisation avec les dérives qu’elle engendre telles que, la pression psycho-sociale constante subie par la personne recrutée avant sa titularisation et la tentation de dépasser les limites éthiques, déontologiques et d’intégrité scientifique pour s’assurer une titularisation future. Dans ce contexte, il est aussi bien connu que les femmes sont plus victimes de la pression psycho-sociale que les hommes. Ce que l’on demande à ces 25 personnes est simple : se dépasser, s’épuiser dans leurs recherches pour produire des résultats scientifiques sans lesquels il n’y aura pas de titularisation. Le Sgen CFDT Recherche EPST ne peut s’y résoudre.
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