CNRS : préconisation CCHSCT suite à l’éloge d’une loi « inégalitaire » et « darwinienne »

« En marge de la préparation de la nouvelle loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), vous avez, lors de la cérémonie des 80 ans du CNRS et dans une tribune pour le journal Les Échos du 26/11/2019, appelé de vos vœux une loi « inégalitaire » et « darwinienne » « qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants ». Autrement dit, une loi qui élève le degré de compétition et concentre encore plus les moyens dans les mains d’une minorité. Nous, représentantes et représentants du personnel au sein des Comités Hygiène Sécurité Conditions de Travail (CHSCT) du CNRS, instances qui contribuent à la protection de la santé physique et mentale au travail, considérons ces propos comme irresponsables, venant d’un dirigeant en charge, selon la loi, de l’intégrité́ physique et mentale du personnel de son organisme.

En effet, de nombreux travaux indiquent que stimuler la compétition au niveau institutionnel provoque un épuisement et une démoralisation des salariés, augmente le mal-être au travail et les problèmes de santé. Différents états des lieux concernant la santé mentale au travail au CNRS et dans le milieu universitaire indiquent que la situation actuelle est préoccupante, et concerne toutes les catégories de personnel, constat que nous avons pu vérifier sur le terrain.

Accentuer encore la concurrence, qui est déjà importante, dans la recherche française, se traduirait inévitablement par une dégradation encore plus forte de la santé mentale des agents, avec des coûts humains et financiers pour la collectivité́ encore plus importants.

Le CNRS affiche depuis quelques années une politique volontariste de lutte contre les risques psycho- sociaux (RPS) et pour la qualité de vie au travail (QVT). Nous posons la question de la cohérence de vos propos avec ces politiques. Comment peut-on d’un côté prôner le bien-être au travail et de l’autre vouloir stimuler une compétition délétère entre les agents du CNRS ? Êtes-vous en train d’annoncer une rupture avec ces politiques ?

Nous appelons au contraire à ce que la LPPR propose un cadre à la recherche française qui stimule la coopération plutôt que la compétition et soit garant de la qualité de vie et du bien-être au travail, conditions nécessaires pour créer une dynamique positive et durable.« 

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