Retraites : Emmanuel Macron va devoir dévoiler son jeu pour la fin du quinquennat (Les Echos 13/7/20)

Sauvegarder le système actuel de retraites

Sur le volet social, Emmanuel Macron ne pourra pas échapper à une clarification sur la réforme des retraites , à laquelle il ne veut pas renoncer – volonté réformatrice et situation financière obligent -, au grand dam des organisations syndicales comme patronales. « Le débat de la durée du nombre d’années de cotisation dans la vie continue à se poser », a-t-il déclaré début juillet quand Jean Castex a assuré « acté » le fait de distinguer les « dispositions qu’il y a lieu de prendre pour sauvegarder le système actuel », dont le déficit a plongé avec la crise sanitaire, des « concertations à reprendre sur la réforme de fond ». Au-delà, certains soutiens espèrent aussi des initiatives politiques fortes, comme la proportionnelle intégrale pour les législatives. « Cela fait partie des options sérieuses regardées, mais rien n’est tranché », tempère un ministre.

Les Echos : 13/07/2020

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Emmanuel Macron va devoir dévoiler son jeu pour la fin du quinquennat

Le président de la République renoue ce mardi, pour la première fois depuis le début de son quinquennat, avec la traditionnelle interview du 14 juillet pour expliquer son « nouveau chemin » jusqu’à la présidentielle de 2022. Face à la plus grave crise économique rencontrée par la France depuis 1929, il doit préciser les priorités des « 600 jours » à venir, en tête desquelles l’emploi des jeunes.

Par Isabelle Ficek Publié le 13 juil. 2020 à 6h00Mis à jour le 13 juil. 2020 à 11h17

Il avait promis de revenir devant les Français pour préciser son « nouveau chemin ». Ce mardi, Emmanuel Macron va se livrer, pour la première fois depuis le début de son quinquennat, à la traditionnelle interview du 14 juillet. Un classique de la vie politique française qu’il avait supprimé, seyant peu à la révolution qu’il voulait incarner. En renouant avec cette tradition, il veut « remettre du sens sur ce nouveau chemin et les cinq piliers de la reconstruction, économique, sociale, environnementale, territoriale et culturelle, dans une période interstitielle entre la fin aiguë de l’épidémie et une rentrée difficile où il faudra être prêt à sauver les entreprises et à sauver les emplois », explique l’Elysée.

Première prise de parole du président de la République depuis la nomination de son Premier ministre Jean Castex et du nouveau gouvernement, ce sera l’occasion d’expliquer le départ d’Edouard Philippe et de défendre cette nouvelle équipe : sa méthode affichée, celle du dialogue social, que l’acte II n’a jamais réussi à incarner et sa feuille de route, plus que jamais axée sur le « concret », alors qu’il reste peu de temps.

Mesures massives pour l’emploi des jeunes

Car avec la crise économique et sociale qui monte, c’est sur les résultats et les mesures concrètes qu’est attendu Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat doit en effet dévoiler les mesures d’aide massives attendues pour l’emploi des jeunes et trancher entre une exonération de charges et une prime à l’embauche – voire un mix des deux -, mais aussi renforcer et élargir la garantie jeunes. Il doit aussi revenir sur les accords de Ségur sur les salaires des soignants, signés ce lundi à Matignon, et le plan de relance européen qu’il va défendre au Conseil européen en fin de semaine.

S’agissant du plan de relance en France, dont l’enveloppe pourrait atteindre 100 milliards, le chef de l’Etat devrait en réexpliquer les lignes de force : avec l’emploi en priorité mais aussi la numérisation, la compétitivité et la décarbonation de l’économie. Mais c’est le Premier ministre, Jean Castex, qui pourrait, lors de sa déclaration de politique générale ce mercredi, en dire davantage. Pour favoriser la réindustrialisation, ce dernier pourrait donner son feu vert à la baisse des impôts de production, et d’abord à celle de la CVAE.

Après la convention citoyenne sur le climat , le chef de l’Etat veut aussi montrer la « mobilisation » de l’exécutif en faveur de la transition écologique, sur laquelle il peine jusqu’ici à convaincre. Emmanuelle Wargon, désormais ministre déléguée au Logement, a évoqué une enveloppe de 4 à 5 milliards d’euros pour le bâtiment et la rénovation thermique. Et au président des Hauts-de-France Xavier Bertrand qui sonne l’urgence de la mise en route du plan de relance dans le « JDD », le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a répliqué sur BFMTV en lui opposant les 430 milliards d’euros de garanties, de mesures d’urgence et de plans de relance sectoriels déjà annoncés.

Sauvegarder le système actuel de retraites

Sur le volet social, Emmanuel Macron ne pourra pas échapper à une clarification sur la réforme des retraites , à laquelle il ne veut pas renoncer – volonté réformatrice et situation financière obligent -, au grand dam des organisations syndicales comme patronales. « Le débat de la durée du nombre d’années de cotisation dans la vie continue à se poser », a-t-il déclaré début juillet quand Jean Castex a assuré « acté » le fait de distinguer les « dispositions qu’il y a lieu de prendre pour sauvegarder le système actuel », dont le déficit a plongé avec la crise sanitaire, des « concertations à reprendre sur la réforme de fond ». Au-delà, certains soutiens espèrent aussi des initiatives politiques fortes, comme la proportionnelle intégrale pour les législatives. « Cela fait partie des options sérieuses regardées, mais rien n’est tranché », tempère un ministre.

Quoiqu’il en coûte

Ses adversaires en vue de l’élection présidentielle sont déjà sortis du bois pour pilonner ce « nouveau chemin », à l’instar de Jean-Luc Mélenchon pour LFI, qui raille, dans le « JDD » un chef de l’Etat « complètement dépassé par la situation ». Xavier Bertrand, lui, en proposant une série de mesures – coûteuses -, dont certaines (les baisses de TVA) ont déjà été écartées par le gouvernement, tente, alors que tout ne sera pas possible, de prendre Emmanuel Macron au piège de son « quoiqu’il en coûte ».

Isabelle Ficek

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