L’intégrité scientifique au CNRS et le modèle de recherche sur projet.

L’intégrité scientifique semble l’une des priorités pour le CNRS. Elle s’illustre avec la création en 2018 d’une mission dédiée au traitement des signalements et à la formation aux bonnes pratiques scientifiques. Ce dispositif s’inscrit dans l’effort institutionnel déployé depuis plusieurs années qui a donné naissance au volet Intégrité scientifique de la Loi de Programmation de la Recherche en 2020.

Le Sgen-CFDT Recherche EPST se réjouit de cette démarche qui a pour but d’augmenter la confiance entre les scientifiques mais également celle de la Société envers les travaux des équipes de recherche et d’assurer leur crédibilité.

Toutefois, les conclusions des travaux de la Mission à l’Intégrité Scientifique MIS, présentées lors du Conseil d’Administration du CNRS le 21 octobre 2022, ainsi que celles du très récent rapport Dubois M., Guaspare C. (Paris, Sorbonne Université-2022) portant sur « L’intégrité scientifique et l’éthique de la recherche à l’épreuve de la crise Covid-19 », montrent un manque d’information des personnels de la recherche du CNRS sur les enjeux de l’intégrité scientifique et sur le code de « bonne conduite » dans la pratique de l’activité de recherche. Nous citerons ici l’extrait des conclusions de ce rapport : « Alors même que l’intégrité scientifique concerne l’ensemble de la communauté scientifique, seul un tiers des répondants déclare disposer avec certitude d’une connaissance suffisante de ses règles et de ses valeurs. On observe par ailleurs de fortes disparités en fonction des métiers de la recherche. […] Ce sont les chercheurs de moins de 40 ans qui affirment avoir le moins de certitude en matière d’intégrité scientifique ».

Si le traitement des signalements au CNRS semble désormais efficacement documenté, sa suite naturelle doit être l’information, la communication et la formation des agents. Le Sgen-CFDT Recherche EPST encourage la MIS à intensifier sa communication sur le sujet ainsi qu’à développer rapidement des formations simples et efficaces sur les règles de « bonne conduite » de la recherche, pour toutes et tous quel que soit le corps (chercheur, Ingénieurs, technicien) et l’âge des agents.

Le Sgen-CFDT Recherche EPST constate que les signalements que pointe la mission à l’intégrité scientifique (MIS) concernent majoritairement les Sciences de la vie. Bien que l’on sache que les disciplines qu’elles abritent font l’objet d’un très grand nombre d’études portant sur des domaines à forte résonance médiatique et sociétale et ainsi donc attirent le plus l’attention, ce sont également celles qui recours majoritairement aux financements de la recherche sur projet.

Le journaliste américain Ivan Oransky (Retractionwatch) estime qu’aux Etats-Unis les chercheurs dans ces disciplines sont poussés à adopter des comportements problématiques car ils doivent impérativement publier, c’est de cette manière qu’ils obtiennent des fonds et des postes.

En septembre 2022 le Journal of Physics annonçait le retrait de 463 articles, ce qui prouvent que la communauté des physiciens n’est pas non plus épargnée par ce phénomène.

Le Sgen-CFDT Recherche EPST rappelle que bien qu’il ne soit pas hostile à la recherche par le financement sur projet, il lui préfère le financement récurrent et l’augmentation du soutien de base aux laboratoires des EPST. Il pointe les dérives que le modèle Anglo américain de financement de la recherche sur projet engendre : parce qu’il crée les conditions d’une compétition, d’une concurrence entre les équipes au sein desquelles se développent parfois de vives tensions et un recours potentiel à la duperie avec le simple objectif de…survivre.

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