Grève 7 mars : 51 % des Français favorables à « mettre la France à l’arrêt »

Les premières mobilisations contre la réforme des retraites ont réuni entre 1,3 et 2,8 millions de Français, selon les syndicats. Les syndicats veulent faire encore plus fort ce 7 mars en mettant « la France à l’arrêt dans tous les secteurs ».

Par Jade Toussay HUFFPOST 3 mars 2023

POLITIQUE – Même pas peur. Alors que le gouvernement met en garde, de façon quelque peu déroutante, contre les répercussions d’une « France à l’arrêt » le 7 mars prochain, les Français sont bien moins inquiets voire soutiennent la journée de mobilisation, selon le dernier baromètre YouGov* réalisé pour Le HuffPost sur 1002 personnes entre le 27 février et le 1er mars.

Presque trois mois après la première manifestation dans la rue, 55 % des sondés sont toujours favorables à la mobilisation un chiffre quasiment stable par rapport au mois de février. Dans le détail, 51 % soutiennent la journée du 7 mars, pour laquelle les syndicats ont appelé à « mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs ». Le soutien est un peu plus important chez les femmes (53 %) – plus affectées par le recul de l’âge dans un premier temps – que chez les hommes (49 %). 40 % y sont défavorables et 9 % ne se prononcent pas.

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Une courte majorité de Français ne partage donc pas vraiment l’avis du porte-parole du gouvernement Olivier Véran qui, à la sortie du Conseil des ministres le 1er mars, s’était alarmé : « Mettre la France à l’arrêt, ce serait laisser filer une crise qu’on peut encore éviter. (…) Mettre le pays à l’arrêt, c’est prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole, sanitaire, voire humaine dans quelques mois », avait-il estimé, vite raillé par l’opposition et les syndicats pour cette tirade.

Un soutien, mais pour quelle participation ?

Pour autant, la participation à la mobilisation du 7 mars demeure incertaine. Seulement 28 % des sondés ont l’intention d’exercer leur droit de grève, 58 % assurent qu’ils ne le feront pas et 14 % sont encore indécis.

La dernière journée d’actions le 16 février n’avait réuni que 1,3 million de manifestants selon la CGT (440 000 selon l’Intérieur). Un chiffre en nette baisse par rapport aux quatre journées précédentes, notamment celle du 31 janvier et du 11 février où les centrales avaient revendiqué plus de 2 millions de participants.

Les chefs de file syndicaux espèrent qu’une mobilisation massive obligera le gouvernement à renoncer à son projet de réforme. Mais les Français interrogés dans notre baromètre sont plus sceptiques : 60 % des sondés jugent « improbable » que les manifestations fassent reculer le gouvernement et ils ne sont que 28 % à penser le contraire.

Après un premier passage peu concluant à l’Assemblée nationale, la réforme des retraites est examinée depuis le 2 mars au Sénat. Au Palais du Luxembourg, où la droite est majoritaire, les chances de voir le texte adopté semblent plus grandes. La suite se déroulera en commission mixte paritaire, où un accord devra être trouvé entre sénateurs et députés. Faute de quoi, la navette parlementaire recommencera, jusqu’à la date butoir du 26 mars, où le gouvernement sera alors libre de faire passer la réforme par ordonnance.

Quelle sera la stratégie de l’intersyndicale ? Jusqu’à présent, elle n’appelle pas à un mouvement reconductible, mais l’idée fait peu à peu son chemin : début février, après que la date du 7 mars a été arrêtée, le syndicat Solidaires envisageait de proposer à l’intersyndicale de « porter la grève reconductible à partir du mercredi 8 mars », selon une note interne transmise à l’AFP.

*Cette enquête YouGov a été réalisée sur 1002 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 27 février au 1er mars 2023.

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