Une fin d’année chargée et des élections professionnelles en ligne de mire (CFDT)

Plan santé au travail, protection sociale complémentaire : l’agenda social des prochains mois s’annonce dense dans la fonction publique. D’autant qu’en décembre, 5,7 millions d’agents sont attendus devant les urnes. La CFDT souhaite évidemment améliorer sa représentativité dans le secteur public et conforter sa place de première organisation syndicale.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 20/09/2022 à 14h00

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© Anthony Micallef/Haytham-RÉA

1. Du 1er au 8 décembre 2022 pour les agents publics qui voteront par voie électronique.

Le 8 décembre prochain1, les agents des trois fonctions publiques (de l’État, territoriale et hospitalière), qu’ils soient fonctionnaires ou contractuels, sont appelés à élire leurs représentants syndicaux dans les nouvelles instances du dialogue social. « TOUS les agents, insiste Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiquesQuel que soit le statut, nous n’oublions personne ! » Une évidence pour la CFDT, mais manifestement pas pour d’autres organisations syndicales…

Ces élections détermineront le niveau de représentativité des organisations syndicales à tous les niveaux du dialogue social pour les quatre années à venir. Rappelons qu’en 2018, les agents publics avaient placé la CFDT en deuxième position (19 %), derrière la CGT (21,8 %) mais devant FO (18,1 %) et l’Unsa (11,2 %). Environ 60 000 voix séparent la CFDT de la première place. « La marche est loin d’être trop haute pour nous, confirme Mylène Jacquot. D’autant qu’il existe des avancées dont nous pouvons être fiers. »

Valoriser les acquis

Le Ségur de la santé – et l’augmentation de 183 euros nets par mois qui en découle –, l’augmentation du point d’indice de 3,5 % en juillet dernier ou encore la mise en place de la protection sociale complémentaire… : la CFDT ne manque pas d’arguments et de résultats à faire valoir. « Partout, nos équipes sont mobilisées sur du concret : les rémunérations, bien sûr, mais aussi l’organisation et les conditions de travail, détaille Mylène Jacquot. On voit aussi que nos collègues veulent des parcours professionnels variés, des compétences reconnues, des possibilités de mobilité. »

Face aux bouleversements actuels, les travailleurs ont plus que jamais besoin de syndicalisme… mais pas n’importe lequel. « Un syndicat qui met les mains dans le cambouis et qui n’est pas dans la posture », précise Laurent Berger. Bref, un syndicalisme CFDT. Mais pour ça, il faut convaincre. « Voter et faire voter CFDT, c’est voter pour des collègues qui connaissent les préoccupations du quotidien, qui bataillent pied à pied, qui ont le courage de refuser la politique de la chaise vide, et tout cela se traduit par des avancées concrètes », souligne Mylène Jacquot.

Une mobilisation à tous les niveaux

Dans la dernière ligne droite de la campagne, Laurent Berger n’a pas hésité à mouiller la chemise, comme à La Rochelle, le 14 septembre, lors d’une rencontre avec les militants des trois fonctions publiques. Avec ce message : allez chercher les voix, partout, dans les établissements et les territoires. « Progressons pour améliorer le quotidien des agents et la qualité du service rendu à l’usager […]. Mais rester des interlocuteurs incontournables suppose que la CFDT voie le nombre des voix en sa faveur augmenter. » Un objectif que le secrétaire général de la CFDT a répété le 16 septembre à l’occasion d’un séminaire élections fonctions publiques réunissant en présentiel les fédérations, la CFDT-Fonctions publiques et la Confédération, et en distanciel les unions régionales interprofessionnelles et les syndicats. « C’est l’avenir de la fonction publique qui est en jeu, insiste Laurent Berger. Dans les années à venir, certains – ceux qui ont la mémoire courte – reparleront des agents comme d’un coût et non d’une richesse. »

Bien entendu, ce scrutin n’empêche pas la vie syndicale de suivre son cours, avec son lot de motifs de mécontentement et de justes revendications. Ainsi, le 27 septembre, les personnels de l’hospitalière sont appelés à une journée de mobilisation nationale. Le 6 octobre, ce sera au tour de la Fédération Interco d’appeler l’ensemble des personnels de la territoriale à une journée d’action. « Nous alertons sur la situation des personnels essentiels durant la pandémie qui maintiennent le service public dans des conditions très difficiles, dues au manque de moyen et de personnels, explique Jacques Lager, secrétaire général d’Interco-CFDT. Les agents des secteurs sociaux, médico-sociaux, de l’éducation demandent une rémunération plus juste, et que soit reconnu leur engagement au service des territoires. »

Des rendez-vous en octobre

La CFDT-Fonctions publiques, de son côté, suit avec assiduité les échéances fixées à l’agenda social. Au menu des discussions des semaines à venir, la protection sociale complémentaire (le 21 septembre et le 9 octobre), l’égalité professionnelle (le 25 octobre) ou encore le plan Santé au travail (le 9 novembre). C’est d’ailleurs dans ce cadre que s’est tenu, le 15 septembre, le groupe de travail consacré au suivi de la mise en œuvre des mesures annoncées lors de la conférence salariale de juillet dernier. Un rendez-vous lors duquel la CFDT-Fonctions publiques a rappelé la nécessité de mesures générales pour les agents face à l’inflation et la hausse du coût de la vie. Elle déplore la réponse négative du ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini. « Le pouvoir d’achat est un vrai sujet ; la situation des agents et les besoins de services publics exigent que les discussions avancent et que les moyens suivent. »

Néanmoins, la porte ne semble pas totalement fermée : « De nouvelles discussions doivent s’engager d’ici la fin de l’année sur des mesures plus ciblées et sur des mesures d’amélioration de la vie au travail des agents publics », détaille Mylène Jacquot. Enfin, le ministre a confirmé que l’année 2023 sera celle du chantier relatif aux parcours professionnels et aux rémunérations, répondant ainsi à une revendication de la CFDT. Il a également annoncé la tenue d’une « conférence des parties prenantes », dans le prolongement du Conseil national de la refondation (CNR), en octobre, dans le dessein de mener un travail de priorisation des chantiers à venir. « Au vu de l’importance des enjeux, la CFDT y prendra toute sa place pour porter ses propositions et ses revendications. »

À PROPOS DE L’AUTEUR Guillaume Lefèvre

Journaliste

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