Recrutement de chercheurs handicapés

Recrutement de chercheurs handicapés : la direction du CNRS ne tient pas parole

Les personnes handicapées peuvent accéder à la Fonction Publique par la voie des concours avec aménagement ou par la voie contractuelle à vocation de titularisation (décret n° 95-979 du 25 août 1995). Les personnes handicapées ainsi recrutées par voie contractuelle ont un à deux ans pour faire la preuve de leurs compétences et être alors titularisées.
_ Depuis plusieurs années le CNRS a mis en place une campagne annuelle de recrutement de personnes handicapées par voie contractuelle, mais les recrutements opérés ne concernaient que des postes d’ingénieurs ou de techniciens.

Le SGEN-CFDT Recherche EPST, considérant que le CNRS a un devoir d’insertion de travailleurs handicapés à tous les niveaux de diplômes et de compétences, a demandé régulièrement et avec insistance à la direction d’ouvrir également aux chercheurs cette voie de recrutement. On constate en effet que, du fait de leur handicap, les thésards et post-docs renoncent souvent à se présenter aux concours chercheurs. À compétence égale, il leur est en effet difficile de rivaliser avec d’autres candidats puisque les problèmes qu’ils ont rencontrés ont inévitablement eu une incidence pénalisante sur leur dossier : allongement des temps d’étude, manque de mobilité, problèmes de présentation, etc.

Lors d’une réunion avec les organisations syndicales le 24 avril 2006, le directeur général, interpellé par le SGEN-CFDT à ce propos, avait indiqué qu’il prenait en compte notre demande et allait demander à ses services de mettre en place un groupe de travail sur ce point (LE 3 mai 2006).
Le 10 juillet, lors d’une autre réunion avec les organisations syndicales, le directeur général a annoncé réserver 2 à 3 postes de chercheurs pour l’année 2007 (postes fléchés « handicap »). Il a également annoncé qu’il afficherait quelques post-docs pour 2007. Le SGEN-CFDT s’est réjoui de cette nouvelle et a indiqué qu’il se tenait prêt à travailler avec la direction.

À la séance du conseil scientifique du 3 octobre dernier, le directeur général a indiqué qu’il n’y aurait finalement pas de recrutement chercheurs par cette voie contractuelle en 2007, confirmant seulement l’affichage de quelques post-docs. Ce revirement, sur un sujet aussi sensible est inadmissible.
D’autant plus que le CNRS est à la traîne en ce qui concerne l’obligation légale d’emploi des personnes handicapées.
_ Le rapport annuel Fonction publique « Faits et chiffres 2005-2006 » donne pour chaque établissement public, le taux d’emploi des travailleurs handicapés. Le CNRS est parmi les plus mauvais élèves de la liste avec un taux d’emploi de seulement 1,9%, contre par exemple 3,3% à l’INRA et 3,8% à l’INSERM (tous ces chiffres étant d’ailleurs inférieurs au taux réglementaire de 6%).
_ En 2006, alors que l’INRA recrutait 20 travailleurs handicapés par voie contractuelle, dont 4 chercheurs, soit 6,9 % du recrutement 2006, le CNRS ne recrutait que 33 ingénieurs et techniciens, soit 3,6% du recrutement 2006.
_ La direction du CNRS n’a pas de réelle politique volontariste d’insertion des personnes handicapées. Le SGEN-CFDT Recherche EPST continuera à dénoncer cette attitude, et à se battre pour que le CNRS et tous les organismes de recherche acceptent de remplir leurs obligations en terme d’emplois « handicap », pour les chercheurs comme pour les IT, plutôt que de payer l’amende* qui découle du non-respect de la loi.

* par exemple pour le CNRS, la contribution 2007 pour le fonds d’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique est de l’ordre de 1,3 M€.

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