Inria : Recherche en informatique : le difficile recrutement des contractuels (Libé 2 juillet 2021)

par Olivier Monod publié le 2 juillet 2021 à 16h02

Plusieurs recrutements sur contrats courts sont en suspens à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria). Les chercheurs sont inquiets de perdre leurs candidats déjà sélectionnés.

Les chercheurs français en informatique sont inquiets. A l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), les scientifiques rencontrent des difficultés pour recruter des personnes sur contrats courts. Les personnels contactés par Libération, et qui préfèrent rester anonymes, font état d’une campagne de recrutement mise sur pause. «Nous avons sélectionné les candidats, mais nous ne pouvons pas finaliser le recrutement faute de budget. Si la situation s’éternise. Dans mon centre, on craint même de ne pas pouvoir recruter de doctorants cette année», témoigne l’une d’eux.

Selon nos informations, au moins une quinzaine de contrats de doctorants, post-doctorants ou ingénieurs en CDD sont concernés. «D’habitude, à cette époque de l’année, ce type de recrutement est bouclé. Mais là, cela traîne en longueur sans que l’on comprenne pourquoi. Les explications données ne sont pas claires», témoigne un chercheur.

«Différentes subventions de l’Etat n’auraient pas été récupérées à ce jour, ce qui ne permet pas la finalisation des recrutements. Je ne suis pas très inquiète sur le long terme, mais cela risque de nous faire perdre de très bonnes candidatures», avance Laetitia Grimaldi, élue Sgen-CFDT.

Jointe par Libération, la DRH, Vanessa Dumetier nie tout «gel» ou «difficultés» cette année mais elle reconnaît du bout des lèvres «quelques retards» mais «assez classique sur certains recrutements». Elle évoque également des financements issus du plan de relance dont les «financements arrivent au fur et à mesure de la signature des conventions». Mais Vanessa Dumetier insiste pour dire qu’il n’y a «pas de retard sur les engagements pris par l’Etat», que la campagne de recrutement de permanents permettra de recruter «48 scientifiques» et que cette année serait «exceptionnelle en termes de moyens» notamment en raison des subsides du plan de relance.

Un ressenti différent en interne. «Cette année, c’est vraiment compliqué», glisse une source en interne. Pour Laetitia Grimaldi, il faut que la situation se règle rapidement, car «si le retard de versement devait perdurer, cela dénoterait d’un décalage fort entre le discours affiché et la réalité des faits».

Le nœud du problème semble se situer entre une évolution récente de la structuration du budget de l’institut et des subventions qui tardent à tomber. En attendant, ce sont des personnes sur contrat court qui ne savent pas si elles auront un travail dans cet établissement cette année. Ces mêmes précaires de la recherche qui s’étaient fortement mobilisés en 2019 et 2020 contre la loi de programmation de la recherche qui institutionnalise un peu plus le recours à des personnels non-fonctionnaires dans la recherche. Le directeur d’Inria, Bruno Sportisse, a reconnu que la situation était «inconfortable» lors d’une réunion interne.

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